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Études de cas

La Colombie fait l'histoire en renforçant la diversité sous l'impulsion des mouvements féministes

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Francia Márquez, Colombie

Un changement politique a eu lieu à l'occasion des élections colombiennes de 2022, au cours desquelles la représentation féminine a enregistré sa plus forte hausse dans la région des Amériques. Le nouveau gouvernement compte Francia Márquez, première Vice-Présidente afro-colombienne du pays et deuxième femme seulement à occuper ce poste. Les femmes détiennent désormais 29,6 % des sièges de la Chambre haute (+8,3 points de pourcentage) et 28,9% de ceux de la Chambre basse (+10,2 points de pourcentage). Cette forte hausse de la représentation des femmes dans les deux chambres s'est ressentie dans les circonscriptions autochtones et afro-colombiennes du pays, portant la Colombie au niveau de la moyenne infrarégionale de l'Amérique du Sud, qui est de 28,9 %. Cette hausse peut être mise sur le compte de plusieurs facteurs. Le nombre de candidates inscrites était de 1 112, soit plus de 40 % du nombre total de candidats (6 points de pourcentage de plus qu'en 2018). Un parti féministe a également participé pour la toute première fois aux élections de 2022. Ce parti, baptisé Estamos Listos ("Nous sommes prêts"), a recueilli plus de 100 000 voix, réussissant à se faire entendre malgré des ressources financières limitées pour faire campagne.

En dépit de ces avancées positives, les femmes des zones touchées par le conflit n'ont pas enregistré la même réussite. Seules trois femmes ont remporté des sièges dans les Circonscriptions transitoires spéciales pour la paix (CITREP), à savoir des circonscriptions situées dans les territoires marginalisés pendant les 50 ans de guerre civile, auxquels l'accord de paix de 2016 a accordé 16 sièges parlementaires supplémentaires. Bien que ces circonscriptions spéciales visent à rendre la représentation politique plus inclusive, et bien que des listes assurant la parité entre les sexes aient été utilisées, le résultat enregistré par les femmes des circonscriptions situées dans les zones touchées par le conflit s'est établi bien en-deçà de la moyenne nationale. Les femmes, qui ont souffert de façon disproportionnée des conséquences du conflit, détiennent actuellement 18 % de ces sièges, proportion nettement inférieure aux 28,9 % qu'elles détiennent à la chambre basse. Bien qu'il ait été fait appel au vote préférentiel, les femmes occupaient en général la deuxième place sur les listes de candidats, créant ainsi un effet dissuasif symbolique. Ces sièges CITREP continueront à s'appliquer pendant les deux prochains mandats présidentiels (2022-2026 et 2026-2030), ouvrant ainsi des perspectives encore inexplorées à la participation des femmes.

Les résultats positifs enregistrés par les femmes au Parlement ont fait suite à une vaste campagne de mobilisation et de sensibilisation du public concernant les questions féministes. En 2018 et 2019, plusieurs grandes manifestations ont eu lieu pour protester contre le féminicide, la violence fondée sur le genre et la discrimination. La politique en matière de genre a été l'un des points forts de la campagne présidentielle de tous les grands candidats aux élections de 2022, qui ont présenté un vaste éventail de programmes concernant le genre. La proposition de loi visant à réglementer la violence à l'encontre des femmes engagées en politique a progressé en 2022. Les recherches donnent à penser que cette violence est influencée par des questions transversales, telles que la classe sociale d'appartenance des candidates, leur origine ethnique, mais aussi le soutien pour les droits sociaux et environnementaux.