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Axer les données ouvertes parlementaires sur les besoins des utilisateurs

Les parlements souhaitent faire preuve d'ouverture en publiant des documents parlementaires sous la forme de données ouvertes. Mais ce n'est qu'un aspect des choses : pour être utiles, les données ouvertes doivent pouvoir être mises à profit par l'utilisateur. Les fournisseurs de données ouvertes, dont les parlements, doivent avoir une vision du parcours utilisateur et imaginer comment leurs données sont utilisées, ou pourraient l'être, par le monde extérieur. Dans cet article, nous examinons comment des données ouvertes bien conçues, associées à une réflexion visant à faciliter leur utilisation, peuvent contribuer à rendre les parlements plus accessibles.

Le parcours utilisateur : l'utilisation des données parlementaires dans la lutte contre la violence domestique

Au cours de la Conférence mondiale 2021 sur l'e-Parlement, les collaborateurs du CIP ont dialogué avec AzMina, ONG brésilienne luttant contre la violence domestique à l'encontre des femmes par le biais de la technologie et du journalisme. Dans le cadre de son travail de suivi de la législation, cette organisation a créé la plateforme Elas No Congresso, qui suit, analyse et commente, au moyen de séries de données ouvertes mises à disposition par le Congrès brésilien, les initiatives prises individuellement par les parlementaires, mais aussi par les partis politiques, en matière de violence domestique. Le site web contient un classement de la performance des parlementaires sur ce point, ainsi que des graphiques présentant les données attestant s'ils ont contribué de façon positive ou négative à la législation sur la violence domestique.

Comment les parlements peuvent-ils fournir de meilleures données ouvertes ?

Barbara Liborio (Journaliste en chef d'AzMina) a expliqué que le suivi législatif visant à soutenir les efforts de plaidoyer de la société civile est dispendieux en temps et en argent. Les services de données ouvertes proposés par les deux chambres du parlement permettent toutefois d'automatiser ce processus. En tant qu'utilisateur final, elle a formulé les recommandations suivantes aux parlements désireux de fournir des "données ouvertes exploitables" :

  • Établir des canaux de communication informels entre le parlement et les groupes d'utilisateurs (p. ex. sur WhatsApp)
  • Fournir des dictionnaires de données expliquant les séries de données mises à disposition
  • Actualiser régulièrement les séries de données à disposition
  • Proposer des tutoriels de démarrage

Les spécialistes des données ouvertes parlementaires ont également fait part de leurs recommandations en matière d'exploitabilité des données partagées à l'occasion du récent webinaire intitulé Transformer les parlements, consacré à la situation en matière de données ouvertes :

  • Opter pour la bonne stratégie de distribution : Rodolfo Vaz (Coordonnateur des services numériques pour les citoyens de la Chambre des députés brésilienne) a conseillé aux parlements de réfléchir à leur public et d'adapter la distribution à leurs besoins. Les utilisateurs universitaires s'intéressent en général davantage aux séries de données du passé, tandis que les utilisateurs commerciaux (par exemple les groupes de pression) préfèrent en général les données récentes. Les journalistes, qui s'intéressent de plus en plus à l'utilisation des données, mais connaissent moins les API techniques et les plateformes de données ouvertes, préfèrent souvent s’entretenir personnellement avec le parlement par courriel et téléphone.
  • Trouver des mécanismes de communication adaptés : Ian Harrison (Chef de la plateforme de données ouvertes du Parlement britannique) a déclaré que la démarche avait initialement consisté à "créer les données et les utilisateurs suivront", mais qu'il fallait aller plus loin. Les parlements peuvent élargir leurs groupes d'utilisateurs au-delà des simples informaticiens en concevant des mécanismes de communication, tels qu'un blog, qui peut faire connaître les données et faciliter leur compréhension, ou encore des notifications push et des réseaux sociaux tels que Twitter, qui peuvent avoir un effet motivant. Grâce à une telle approche, les parlements peuvent construire avec leurs utilisateurs des liens leur permettant de mieux comprendre leurs besoins et de mieux y répondre.
  • Former l'utilisateur final : Jurgens Pieterse (Directeur des systèmes de gestion de l'information du Parlement sud-africain) a plaidé en faveur de la formation des utilisateurs, tout particulièrement ceux des groupes marginalisés. Des guides et des tutoriels de démarrage, ainsi que des glossaires et des dictionnaires de données peuvent contribuer à améliorer la compréhension (et par conséquent l'utilisation) des données ouvertes parlementaires.