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Actualités en bref

L’état du monde aux prémices de l’UIP

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Frédéric Passy, et William Randal Cremer

La Conférence interparlementaire pour l’arbitrage international, qui allait devenir par la suite l’Union interparlementaire, est née officiellement le 30 juin 1889. Deux parlementaires exceptionnels sont à l’origine de cet événement, le Britannique William Randal Cremer et le Français Frédéric Passy, tous les deux marqués par un profond engagement pour la médiation internationale en tant que moyen de régler les conflits. La mise en place d’une plateforme de dialogue était nécessaire à cette époque secouée par de graves conflits internationaux. Les fondateurs britannique et français ont créé l’organisation afin d’offrir aux pays un lieu où ils pourraient se consacrer à la négociation et à l’arbitrage plutôt qu’aux affrontements et aux conflits.

Absence de mécanisme d’arbitrage international

À la fin du XIXe siècle, la situation géopolitique internationale est complexe et agitée. Jusqu’à la création de la Conférence interparlementaire en 1889, les mécanismes de coopération internationale sont peu nombreux, et, en l’absence d’une plateforme de dialogue, les désaccords qui surgissent entre les pays dégénèrent rapidement en conflits.

Entre 1870 et 1890, même si l’idée de réunir des parlementaires de différentes régions du monde à des fins d’arbitrage se répand parmi les pacifistes en Grande-Bretagne et en France – deux pays régulièrement en conflit à cette époque –, personne ne prend l’initiative de donner vie à ce projet.

Accompagné d’une délégation de parlementaires britanniques, Cremer se rend aux États-Unis afin de proposer un traité d’arbitrage entre la Grande-Bretagne et les États-Unis. Le traité n’est pas approuvé par le Congrès, mais cette visite déclenche une vague de soutien en faveur de la médiation internationale et de l’arbitrage, si bien qu’en juin 1888, le Sénat américain adopte une proposition prévoyant de recourir, à chaque fois que cela sera possible, à l’arbitrage pour régler les différends avec les autres gouvernements.

Ces événements ont donné à l’instauration d’un mécanisme d’arbitrage international, en particulier entre la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis, un caractère d’urgence renforcé par la rivalité née entre ces pays devenus des puissances navales. 

Des conflits toujours plus imminents

À cette époque, les puissances européennes ont constitué des empires coloniaux sur la quasi-totalité du globe. Cette expansion coloniale exacerbe les risques de conflits dans et entre ces territoires et ravive le spectre de la guerre. Les Russes sont alors occupés à investir dans de nouveaux navires dans le but de repousser leur frontière dans le Pacifique. Les États-Unis s’emploient eux aussi à étendre leur influence dans le Pacifique.

Poussé par la rivalité navale entre les puissances européennes, le Parlement du Royaume-Uni promulgue, en 1889, la "Naval Defence Act". Cette loi vise à asseoir la suprématie du pays dans ce domaine et institue à cet effet le two-power standard : la flotte de l'empire britannique doit maintenir un nombre de navires de guerre au moins équivalent aux forces combinées des deux plus grandes flottes mondiales, russe et française à ce moment-là. Comme les pacifistes, entre autres, l’ont redouté, la doctrine du two-power standard relance la course aux armements.

Une meilleure voie pour l’avenir

Si le spectre constant de la guerre a amené le monde à chercher un moyen plus efficace de régler les conflits, ces efforts n’auraient toutefois pas abouti sans la vision et la détermination des deux éminents parlementaires. C’est en effet grâce à leur engagement que la première conférence de l’UIP, organisée le 30 juin 1889 à Paris, a réuni 55 parlementaires français et 28 de leurs homologues britanniques, cinq Italiens et un représentant des parlements de Belgique, du Danemark, d’Espagne, des États-Unis, de Hongrie et du Libéria.