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Argentine : Les premiers pas vers une Chambre des députés pilotée par l’IA

L'équipe du CIP s’est entretenue avec Germán Tarasewiez, Directeur de l’innovation, de la planification et des nouvelles technologies à la Chambre des députés de l’Argentine. Nous avons discuté de la manière dont les premières initiatives prises par la Chambre en matière d'IA ont permis d’appuyer les travaux  parlementaires. Et ces activités ont maintenant évolué vers des projets plus complexes.

CIP : Comment la Chambre des députés a-t-elle commencé à utiliser l'IA ?

GT : En décembre 2019, la Chambre a entamé une véritable transformation numérique. L’objectif était de lancer des outils visant à promouvoir l'efficacité et la transparence de ses travaux. Nous avons recensé une série de processus susceptibles d'être améliorés grâce à l'IA. Nous avons ensuite organisé des sessions de formation et de sensibilisation, et avons élaboré des outils de diagnostic basés sur l’intelligence artificielle, en collaboration avec des partenaires internationaux. Enfin, nous avons préparé un guide sur l'utilisation de l'IA dans les travaux parlementaires.

CIP : Quels projets spécifiques d’IA ont été mis en œuvre ?

GT : L'une des activités réalisées dans le cadre du processus de transformation a été la numérisation des versions abrégées des comptes rendus des séances plénières rédigés entre 2005 et 2020. Nous avons collaboré avec une équipe du Conseil national de la recherche scientifique et technique (CONICET) pour créer une base de données modifiable. Parallèlement à cela, un algorithme de traitement intelligent des données a été mis au point pour indexer les informations législatives contenues dans ces documents nouvellement formatés. Le résultat est un système qui permet d’effectuer des recherches intelligentes pour extraire des rapports pertinents à partir des sessions parlementaires. Cela permet de suivre l’évolution des politiques publiques dans le temps et de déterminer les tendances thématiques à différentes périodes de notre histoire législative, et d'évaluer également dans quelle mesure la pratique législative et les attentes de la société convergent, mettant ainsi en lumière les évolutions au sein du parlement et de la société.

Les versions abrégées des comptes rendus parlementaires ont été analysées en utilisant l’algorithme Latent Dirichlet Allocation, qui regroupe les mots et les termes dans des thèmes communs. Quarante thèmes ont été recensés. Deux services web ont ensuite été créés de sorte que quiconque puisse consulter la composition des thèmes (quels mots retrouve-t-on dans chaque thème et dans quelle proportion, indiquant ainsi celui qui a le plus d’influence), ainsi que leur évolution au fil du temps.

CIP : Que pouvez-vous dire en termes de propriété et de surveillance de l’IA ?

GT : À la Chambre des députés, notre expérience en matière d'IA repose sur l'utilisation d'informations publiques. Les versions abrégées et les autres données utilisées ne contiennent aucune information à caractère privé. L'IA a été mise en œuvre par la Direction de l'innovation en collaboration avec tous les domaines concernés du Congrès. Sans l’aide des équipes multidisciplinaires issues des différentes domaines, il aurait été impossible de mener à bien un projet d'une telle envergure. La gestion des biais représente un défi majeur dans les projets d'IA. Nous avons mis en œuvre des mesures pour atténuer ces biais et garantir une utilisation éthique de l'IA, en collaboration avec des experts de chaque domaine concerné. La collaboration avec des institutions externes a été essentielle, et nous avons mis en place des politiques solides pour évaluer l'efficacité du projet.

CIP : Comment se profile l'avenir ?

GT : Nous avançons vers l'avenir avec plusieurs projets prometteurs. Un de nos principaux axes de travail est le développement d'un outil virtuel pour préparer les projets de loi. Il vise à offrir un solide appui pour élaborer des projets de loi qui sont conformes aux normes techniques législatives, de grande qualité, et bien structurés. Nous nous engageons également à intégrer une perspective de genre dans la formulation des projets de loi.

L’intégration de l’IA dans cet outil permettra de réaliser un examen intelligent. Nous travaillons également afin qu’il soit capable de prédire vers quelles commissions un projet de loi est susceptible d'être renvoyé. Ceci simplifiera le processus législatif et améliorera l'efficacité de la prise de décision.

Par ailleurs, nous sommes sur le point de débuter un projet d'envergure visant à numériser l'intégralité des archives parlementaires. Il s'agit d'une étape cruciale, car il constituera une base solide pour divers projets liés à l'IA. Comme chacun le sait, les bases de données jouent un rôle essentiel pour l'entraînement des modèles d'apprentissage automatique et d'IA. Nous espérons que ce processus de numérisation nous permettra de promouvoir plusieurs projets supplémentaires dans ce domaine, offrant ainsi des avantages substantiels en termes d'efficacité et de transparence dans les travaux parlementaires.