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Les parlements hybrides constitueront-ils la nouvelle normalité ?

Le 25 janvier 2023, le Centre de l’UIP pour l'innovation au parlement (CIP) a tenu un webinaire à l'occasion du lancement du Rapport mondial 2022 sur l'e-parlement. Au cours de ce webinaire, il a été question de la période d'"innovation forcée" imposée par la pandémie de COVID-19, de son incidence sur les méthodes et pratiques de travail des parlements et de l'adoption, par les parlements ayant choisi d'innover, des nouvelles technologies et du travail à distance. Plus précisément, il s'agissait, au cours de ce webinaire, de déterminer si le fonctionnement hybride était en train de devenir la "nouvelle normalité" des parlements, et de comprendre pourquoi et comment.

Mme Sarah Childs, professeure à l'Université d'Édimbourg, a expliqué que la pandémie avait mis en relief des inégalités préexistantes, en relevant son "impact différencié en fonction des genres", tout particulièrement du point de vue de l'instruction à la maison et autres responsabilités familiales. De ce fait, peut-être, la Chambre des communes britannique a constaté que les femmes parlementaires étaient les plus susceptibles de recourir au vote par procuration et aux outils hybrides, qui leur donnaient plus de souplesse pour participer.

M. Leonardo Soto, membre de la Chambre des députés chilienne, a expliqué aux participants à la réunion que les débats hybrides avaient permis à son institution d'accéder à un plus vaste éventail de connaissances et de savoir-faire. M. Armands Krauze, membre du Parlement letton, est allé dans le même sens en relevant que les commissions hybrides offraient de meilleures perspectives de participation à la société civile. Le Parlement letton est pour une large part revenu aux réunions en présentiel, mais certains députés continuent tout de même à se connecter à distance grâce à l'application e-Saiema. De façon plus générale, les participants ont estimé que le caractère hybride des réunions améliorait la qualité, non seulement des débats, mais également de la législation. 

M. Rodolfo Vaz, membre de la Chambre des députés brésilienne, a souligné l'avantage des modalités de travail hybrides pour les parlementaires vivant dans un pays étendu géographiquement, où les déplacements pour se rendre au parlement peuvent exiger beaucoup de temps et de moyens financiers, voire se révéler difficiles.

Mme Neema Lugangira, membre de l'Assemblée nationale de la République-unie de Tanzanie, s'est dite convaincue de l'intérêt des réunions hybrides tout en relevant que, pour que ces réunions portent leurs fruits, il fallait donner aux femmes engagées en politique les moyens de se protéger en ligne, notamment grâce au renforcement des capacités. Il semble que le cyberharcèlement des femmes politiques soit en augmentation. Ce problème, qui entrave la participation des femmes à la vie politique et crée une barrière en matière d'égalité d'accès, n'est pas suffisamment reconnu.

M. Masibulele Xaso, Secrétaire de l'Assemblée nationale de l'Afrique du Sud, a résumé le webinaire en prédisant que, selon lui, le fonctionnement hybride deviendrait la nouvelle normalité et que les preuves de son intérêt étaient écrasantes. La seule interrogation concerne son degré d'utilisation. Mme Lugangira a ajouté que le fonctionnement hybride constitue une solution très importante que les parlements doivent être prêts à actionner en cas d'urgence, en en faisant une pièce maîtresse de leur stratégie de résilience.

Mme Childs a souligné que les parlementaires devraient pouvoir choisir leur mode de participation tant que ceci ne nuit pas au fonctionnement d'ensemble de l'institution. Pour l'avenir, elle a précisé qu'il était important de consolider les acquis tout en continuant de développer l'innovation pour rendre les parlements plus efficaces et réactifs à l'égard des parlementaires comme du public.

M. Xaso a expliqué qu'il n'y avait jamais eu de problème de quorum en dépit des limites imposées à l'accès physique puisque les réunions hybrides avaient amélioré l'accessibilité. L'expérience de l'Assemblée nationale de l'Afrique du Sud a appris à cette dernière que le fonctionnement hybride peut favoriser la participation, qui devient plus importante et plus diverse, ainsi que la transparence. Il a toutefois relevé que l'infrastructure devait être améliorée, tant du point de vue de l'accès Internet à l'échelon national que des systèmes locaux. Dans un monde hybride, les parlementaires et le personnel parlementaire devront également améliorer leurs compétences numériques, ce qui constitue une difficulté lorsque le financement est limité. Les enseignements tirés du COVID-19 ont également bénéficié au personnel parlementaire, les réunions et les outils en ligne rendant les parlements plus efficaces. 

Pour qu'un parlement hybride fonctionne de façon transparente et efficace, les règles régissant l'institution doivent être modifiées et améliorées afin d'inclure les réunions en ligne et de garantir que les réunions hybrides se dérouleront dans des conditions de sécurité et de fiabilité optimales. 

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