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Les parlements hybrides favorisent la diversité

Les inégalités ont de tout temps existé dans nos systèmes parlementaires. Les problèmes d'accès se posaient déjà pour un grand nombre de groupes différents avant la pandémie de COVID-19, qui n'a fait que les mettre en évidence. Dans la même veine, pendant la pandémie, les femmes parlementaires ont fréquemment dû assumer des responsabilités accrues sur le plan familial ou personnel. Là encore, la pandémie n'a fait que rendre palpable une réalité qui existait déjà auparavant. Par conséquent, lorsque les parlements ont commencé à mettre en place un fonctionnement hybride (mélange de participation à distance et en présentiel), les femmes parlementaires étaient le public privilégié des réunions en ligne. Cet état de fait révèle que les parlements hybrides permettent de toute évidence un meilleur équilibre entre le travail parlementaire et d'autres engagements, eux aussi importants.

En tant qu'institutions attachées à la tradition, les parlements mettent souvent du temps à changer et sont frileux en matière d'innovation. Les citoyens ont parfois le sentiment qu'ils rechignent à se moderniser. La situation a évolué avec la pandémie de COVID-19, qui a contraint les parlements à prendre comme les autres des mesures draconiennes pour continuer à se réunir et à fonctionner normalement. De ce fait, en 2020 et 2021, le mode de fonctionnement et la culture d'un grand nombre de parlements ont été radicalement transformés. Cette innovation, qui a mis les outils numériques au cœur même d'un parlement moderne efficace, a permis aux législateurs de continuer à adopter des lois et de demander des comptes au gouvernement. Cette transformation ouvre également des perspectives d'avenir, tout particulièrement pour ce qui est de la diversité de la représentation.

Le Rapport mondial 2022 sur l'e-parlement, publié trois ans après le début de la pandémie, révèle l'ampleur de la transformation vécue par les parlements à la suite de cette expérience. Au fil des analyses et de la consolidation des enseignements que les parlements tirent des événements, l'accélération de la modernisation apparaît clairement, la transformation numérique s'imposant comme la solution susceptible d'améliorer l'efficacité, l'ouverture et l'accessibilité du parlement. 

Certains sont au contraire d'avis que les parlements hybrides seront désertés par les parlementaires. Il ne semble toutefois pas que ce soit le cas, les parlementaires étant conscients des avantages et de la valeur de l'interaction directe. Toutefois, les réunions hybrides permettent aux personnes ne pouvant pas se déplacer de participer de façon plus souple et adaptée. Elle offre aux parlementaires ayant charge de famille la possibilité de trouver un équilibre entre ces engagements et leur rôle de législateur. Elle permet également aux parlementaires souffrant de problèmes de santé ou porteurs d'un handicap de suivre les débats parlementaires même s'ils ne sont pas en mesure d'être physiquement présents. 

L'une des hypothèses de l’enquête sur les délibérations hybrides à la Chambre des communes canadienne est que la plus grande liberté vis-à-vis de la tradition symbolisée par le fonctionnement hybride puisse envoyer aux groupes sous-représentés un signal leur indiquant que le parlement peut œuvrer en leur nom et qu'ils peuvent participer. Les recherches menées par le CIP soulignent également les avantages du recours croissant à l'informatique en nuage et à l'accès à distance, non seulement pour les parlementaires, mais aussi pour le personnel parlementaire.

Comme le révèle la série des Rapports mondiaux sur l'e-parlement, les réunions hybrides ont apporté la preuve de leur intérêt en temps de crise. Aujourd'hui, elles peuvent également être considérées comme des outils précieux pour améliorer l'accessibilité et l'inclusivité de l'institution parlementaire. Le modèle hybride n'est pas la panacée, mais il peut aider les parlements à surmonter certaines des barrières dont les citoyens estiment qu'elles entravent leur participation efficace à la démocratie.

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M. Andy Williamson est Chercheur principal au Centre de l’UIP pour l'innovation au parlement.