L'Islande a d'excellents résultats en matière de parité hommes-femmes, puisque, depuis 14 années consécutives, elle se trouve en tête du classement des pays les plus égalitaires d'après le Forum économique mondial. Elle a également été le premier pays à élire une Présidente, Vigdis Finnbogadóttir, qui a remporté l'élection présidentielle de 1980 ainsi que les trois suivantes. Le parlement, l'Althingi, a failli devenir le premier en Europe à élire une majorité féminine en 2021, mais après un recomptage, il a manqué de peu cet objectif, les femmes ayant remporté 30 des 63 sièges.
L'égalité des sexes est toutefois bien plus que des chiffres et des classements : elle exige également l'égalité des traitements et des chances. En 2017, par exemple, le mouvement #MeToo a sensibilisé le monde entier au harcèlement sexuel, aux agressions et aux abus contre les femmes dans tous les milieux, y compris les parlements.
L'étude de 2018 de l'UIP Sexisme, harcèlement et violence à l’égard des femmes dans les parlements d’Europe, publiée en partenariat avec l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, a révélé qu'environ 82,5 % des personnes interrogées ont subi des violences psychologiques pendant leur mandat.
D'après les données, de nombreuses femmes dans les parlements ne se sentaient pas en sécurité, et l'Althingi a donc décidé d'y regarder de plus près. Les autorités parlementaires ont cherché à tirer des enseignements de l'expérience d'autres parlements et ont demandé l'aide de l'UIP. Le Secrétaire général de l'UIP, Martin Chungong, s'est rendu dans ce pays pour la première fois en 2018 afin d'apporter son soutien.
En 2020, le parlement a mené une étude sur son environnement de travail, tant pour les parlementaires que pour les collaborateurs. Les résultats ont montré que des mesures devaient être prises pour lutter contre le harcèlement sexuel et sexiste ainsi que les brimades dans les locaux du parlement.
L'Althingi a d'abord créé une commission sur l'égalité des sexes, composée de parlementaires et de collaborateurs, puis a commencé à élaborer un Plan. Ce Plan comprend des actions préventives et propose des orientations pour le traitement des cas de sexisme et de harcèlement, en veillant à ce que la plaignante ait accès à des conseils et à un accompagnement tout au long de la procédure. À l'issue d'un processus exhaustif et consultatif avec chaque groupe parlementaire au sein de la chambre, l'Althingi a adopté sa nouvelle Stratégie et son Plan d'action en mai 2023.
Dans son Plan, l'Althingi a suivi de nombreuses recommandations stipulées dans les Lignes directrices de l'UIP pour l’élaboration et la mise en œuvre de politiques visant à l'élimination du sexisme et de la violence sexiste dans les parlements.
Sa mise en œuvre est en cours. À l'heure où nous écrivons ces lignes, les parlementaires et leurs collaborateurs islandais peuvent s'attendre à d'autres séances de formation en 2024, axées sur la diversité, l'équité et l'inclusion.
Une enquête de suivi est également prévue pour constater l'évolution depuis l'étude de 2020 et voir si l'Islande peut encore améliorer ses références déjà impressionnantes en matière d'égalité hommes-femmes.
En effet, comme l'Islande l'a montré, la démocratie et l'égalité des sexes ne souffrent pas que l'on se repose sur ses lauriers.
