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Études de cas

Visite à un parlementaire emprisonné en Iraq

iraq human rights

M. Mushahid Sayed Hussain (Sénateur pakistanais) / M. Ershad Al-Salihi, Président de la Commission des droits de l’homme du
Parlement d’Iraq / M. Samuel Cogolati (Président de la Commission et chef de la délégation). ©UIP

En août 2023, des membres du Comité de l'UIP se sont rendus en Iraq pour demander la libération rapide d'un parlementaire de l'opposition arbitrairement arrêté dix ans plus tôt.

Cette arrestation s'est déroulée tôt un matin de décembre 2013, lorsque plus de 50 agents des services de sécurité se sont présentés au domicile d'Ahmed Al-Alwani, dans la ville de Ramadi, à l'ouest de Bagdad. M. Al-Alwani aurait proposé de se rendre, mais une fusillade s'en est suivie, tuant son frère et sept autres personnes. 

En violation de son immunité parlementaire, M. Al-Alwani a été arrêté sans mandat, détenu au secret pendant un mois et torturé. Il a ensuite été condamné à la peine de mort par pendaison. 

Conscient que l'exécution pouvait avoir lieu d'un jour à l'autre, le Comité de l'UIP a manifesté son intérêt pour une visite en Iraq dès qu'il a eu connaissance du dossier mais, pendant dix ans, la violence, l'instabilité politique et la pandémie de COVID-19 ont rendu impossible une telle mission. 

Enfin, lorsque la pandémie a pris fin et que le pays est devenu plus sûr, l'UIP a pu identifier et contacter des personnes clés, instaurant ainsi un climat de confiance et préparant le terrain pour une visite à Bagdad attendue depuis longtemps. 

À Genève, le Secrétaire général de l'UIP a rencontré l'Ambassadeur d'Iraq. L'UIP a ensuite demandé officiellement à rendre visite à M. Al-Alwani et les autorités iraqiennes ont répondu favorablement. 

Le groupe effectuant ce voyage de trois jours comprenait le Président du Comité de l'UIP de l'époque, le parlementaire belge Samuel Cogolati, ainsi qu'un membre du Comité, le parlementaire pakistanais et ancien journaliste Mushahid Hussein, qui connaissait bien la région.  

Ce groupe a rencontré de nombreux responsables, dont le Président iraqien, le Président et des membres du parlement, ainsi que l'avocat, le chef tribal, le frère et le fils de M. Al-Alwani, qui n'avait pas vu son père depuis dix ans. 

La rencontre avec M. Al-Alwani a été riche en émotions. Il avait reçu des messages de l'UIP par l'intermédiaire de son frère, mais n'avait jamais rencontré de représentant de l'UIP. Il s'est exprimé en toute franchise sur son arrestation, les sévices physiques et les tortures qu'il a subis, et a évoqué sa petite cellule, son enfermement et son isolement du monde extérieur. Ses conditions de détention se sont toutefois améliorées au fil des ans et il peut désormais téléphoner à sa famille, recevoir des visites et a même subi une intervention chirurgicale vitale. 

La situation de M. Al-Alwani n'a pas encore été résolue, car il est toujours menacé d'exécution.

Mais la visite a mis en évidence le fait que les autorités souhaitaient régler cette affaire et faisaient preuve de bonne foi au plus haut niveau. Par ailleurs, l'UIP a montré qu'elle n'abandonnait pas les anciens dossiers, attendant et saisissant l'occasion lorsqu'elle se présentait, même dix ans plus tard. L'expérience le démontre : c'est en associant le dialogue, la fermeté et la patience qu'on obtient des résultats.