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Actualités en bref

La violence à l'égard des femmes parlementaires : causes, effets, solutions

rally paris

Rally in Paris, France © SERGE TENANI / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP

D'après les derniers chiffres de l'UIP, les femmes représentent un peu plus de 26 % des parlementaires dans le monde. Malgré les progrès réalisés ces dernières années, des obstacles majeurs continuent de se dresser sur leur chemin vers la parité avec leurs homologues masculins. L'un des obstacles principaux est le sexisme, le harcèlement et la violence sexiste.

Les rapports de l'UIP montrent que les agressions sexistes persistent dans tous les parlements et dans toutes les régions du monde. Une enquête phare menée par l'UIP en 2016 auprès de femmes parlementaires du monde entier a révélé que 82 % d'entre elles avaient subi des violences psychologiques, que ce soit sous forme de réflexions sexistes, de menaces ou de harcèlement. Tant que des solutions efficaces ne seront pas mises en place pour le combattre, ce problème continuera à décourager les femmes de se lancer en politique et à entraver les progrès vers l'égalité des sexes dans la société dans son ensemble.

Causes

Comprendre les causes du sexisme, du harcèlement et de la violence à l'égard des femmes en politique est un premier pas essentiel vers la résolution de ces problèmes. Les traditions et pratiques patriarcales étant présentes dans toutes les sociétés à travers le monde, les hommes ont toujours dominé la politique, ce qui a eu et continue d'avoir diverses répercussions sur leurs homologues de sexe féminin. L'une des idées les plus répandues est que les femmes "ne sont pas faites pour la politique", en particulier aux échelons les plus élevés. En conséquence, les femmes parlementaires sont souvent victimes de stéréotypes de genre et d'attitudes sexistes, visant à les discréditer et à les dévaloriser, ou à les juger sur leur apparence physique.

Ces attitudes sont courantes au sein des parlements et des partis politiques eux-mêmes, ainsi que parmi le grand public, comme l'ont révélé les enquêtes de l'UIP sur les femmes parlementaires en Afrique, en Europe et dans le monde. Ces attitudes encouragent les agressions sexistes contre les femmes parlementaires. En outre, ceux qui défendent les droits des femmes sont de plus en plus malmenés, tout comme les jeunes femmes, les femmes appartenant à des groupes minoritaires et les femmes handicapées, le sexisme se mêlant à la discrimination fondée sur l'âge, au racisme, à l'homophobie, au capacitisme et à d'autres préjugés.

La domination masculine en politique signifie également que les femmes parlementaires sont plus vulnérables face au harcèlement sexuel. Leur chemin vers des postes à responsabilités étant plus difficile, elles sont souvent exploitées ou contraintes par des hommes abusant de leur position de pouvoir. Les enquêtes de l'UIP ont révélé que de nombreuses femmes craignent les conséquences qu'entraînerait le fait de dénoncer des actes de harcèlement ou de violence, et ne veulent pas nuire à leur carrière ou à la réputation de leur parti. Dans d'autres cas, les dispositifs permettant de dénoncer de telles infractions sont inefficaces.

Effets

La violence à l'égard des femmes parlementaires peut prendre de nombreuses formes. Celle qui est de loin la plus fréquemment signalée dans les enquêtes de l'UIP est psychologique - il s'agit généralement de réflexions et de remarques sexistes, exprimées verbalement, en ligne ou dans les médias traditionnels. Les chiffres sont alarmants dans le monde entier : 67 % des personnes interrogées en Afrique, 68 % en Europe et 66 % dans notre rapport mondial en ont fait l'expérience. Dans les cas les plus extrêmes, on constate des menaces de mort, de viol, de coups ou d'enlèvement, auxquelles de nombreuses femmes interrogées en Afrique (42 %), en Europe (47 %) et dans le monde (44 %) ont également déclaré avoir été confrontées.

D'autres formes de violence psychologique sont moins directes. Elles vont de l'interruption des femmes lorsqu'elles expriment leurs préoccupations à un langage corporel intimidant, en passant par les préjugés sur le plan économique, en raison desquels des fonds ou des ressources sont refusés aux femmes et attribués à leurs homologues masculins. Un tiers des personnes interrogées dans le monde nous ont dit en avoir fait l'expérience.

Des actes de violence sexuelle commis par des collègues parlementaires, y compris le harcèlement sexuel et d'autres comportements d'ordre sexuel non désirés, tels que des contacts physiques, des réflexions à caractère sexuel ou des demandes de rapports sexuels, est une autre préoccupation importante. Ce phénomène est extrêmement répandu en Afrique, où 40 % des personnes interrogées dans nos Parlements membres ont révélé avoir été victimes de harcèlement sexuel à un moment ou à un autre de leur mandat ; 25 % des personnes interrogées en Europe et 20 % dans le monde entier ont été dans le même cas.

Solutions

Si les violences à l'encontre des femmes parlementaires se manifestent à une fréquence alarmante, il existe une série de mesures pour les combattre. Avant tout, il est nécessaire de légiférer pour mieux protéger et soutenir les victimes, faciliter le signalement des violences et faire en sorte que les auteurs soient tenus de rendre des comptes. Lorsque des lois couvrant ces aspects existent déjà, il peut être nécessaire de les faire appliquer plus efficacement, de les définir plus clairement et de les mettre à jour pour prendre en compte l'évolution rapide de l'environnement numérique.

Des politiques et des procédures parlementaires internes doivent être adoptées ou révisées, pour prévoir des dispositions spécifiques concernant la définition et l'interdiction de la violence sexiste, ainsi que des mécanismes de gestion des plaintes solides, compétents et indépendants.

Au Chili, par exemple, un protocole adopté en 2019 par la Chambre des députés permet aux parlementaires et au personnel parlementaire de déposer une plainte confidentielle, qui est suivie d'une enquête. Il est également essentiel que les institutions politiques appliquent des sanctions disciplinaires à l'encontre des personnes qui harcèlent ou maltraitent les femmes, afin de rendre justice aux victimes et de dissuader toute violence future.

Les approches ascendantes peuvent fonctionner en tandem avec ces mesures descendantes. Les formations visant à promouvoir le respect sur le lieu de travail, la sensibilisation aux différents types de violence sexiste et la promotion d'une culture de l'égalité doivent toutes être envisagées. Il est essentiel d'impliquer activement les hommes dans ces initiatives pour promouvoir la tolérance zéro vis-à-vis de la violence dans les parlements. Ainsi, on les ralliera à la cause, en les sensibilisant davantage aux comportements répréhensibles et en veillant à ce qu'ils apportent le soutien adéquat à leurs collègues féminines.

Ces solutions font partie d'un ensemble complet de lignes directrices élaborées par l'UIP pour aider à transformer les parlements en institutions sensibles à la dimension de genre et respectueuses des droits des femmes. En y parvenant, nous nous rapprocherons de l'égalité des sexes dans nos Parlements membres et au sein de la société en général.